2013-Les rois de France

Prêts au départ. 1ere étape.

Article paru dans « Le Randonneur » n°56 septembre 2014.

Juillet 2013.

Quatre saisons sont passées, 12 mois et une cinquantaine de semaines depuis la dernière expédition familiale dans l'ivresse des joies du cycle camping. A la demande générale de mes petits-enfants et pendant qu'ils étaient à l'école, j'ai planché, moi aussi sur les pages de géographie et d'histoire. Justement ! C'est une drôle d'histoire que la mienne d'avoir rencontré, un jour, les bâtisseurs de notre association intemporelle « Le Randonneur » et de ressentir à travers vous tous, le souffle du vent dans les oreilles.

Alors, depuis quelques années, je transmets aussi ce frisson particulier à mes petits-enfants. Mon adepte le plus gradé au bénéfice de l'âge, c'est Louis - 11 ans, 8ème participation. La plus jeune Lilas - 7 ans, 3ème participation. Entre les deux, Clara et Sacha, 10 et 8 ans, ne sont pas en reste, déjà des pros qui accumulent quelques centaines de kilomètres aux compteurs. Bien sûr pour en arriver là, il fallut pirouetter par un certain nombre de gadins, vite évanouis dans la rougeur du mercurochrome. Alors puisque nous piquetons tous les ans les voies royales de nos parcours avec les sardines de nos tentes, pourquoi ne pas aller à la rencontre des expéditions en diligences de nos rois de France ? Eux s'arrêtaient dans des auberges parait-il ! Les pauvres ! Pas de vélo ! Que des carrosses où ça devait sentir la sueur et les doigts de pied !

Leurs résidences secondaires n'étaient quand même pas mal : Chambord, Chenonceaux, Cheverny, Azay, Le Lude, Amboise. Tous sillonnés maintenant, par la belle idée de « La Loire à Vélo », modeste tronçon de l'Eurovélo 6 : Atlantique à Mer Noire !

À nous l'aventure ! Cette année nous irons vivre à l'époque des rois ! La revue du «Randonneur» foisonne de conseils. Je contacte Jacques Primout qui nous avait fait découvrir son petit coin méconnu cher à Claude Raffenne dans le n°49 de la revue. Toute une logistique se met en place. La plus jeune, Lilas, encore un peu tendre, nous rejoindra pour la dernière étape. J'élabore ma semaine pour ma troupe à partir de Beaugency et son pont XIIe siècle. Je découvre en Jacques un seigneur du cyclotourisme. Notre guide personnel, va nous distiller ses judicieux conseils en nous accompagnant jusqu'au château de Chambord. Super !

Ma damoiselle et mes damoiseaux Clara, Louis et Sacha sont à l'écoute de Jacques dans notre allure majestueuse. Vers midi nous pique-niquons ensemble, proches des gabares à fonds plats qui naviguaient sur la Loire pour acheminer les pierres lors de la construction des châteaux. Plus tard, l'ombre et la fraîcheur des forêts royales seront les bienvenues pour filtrer les rayons du soleil maintenant à son zénith.

Puis viendra l'heure de notre séparation avec Jacques. Il s'en retourne chez lui et nous continuons notre route vers Huisseau-sur-Cosson. Merci baroudeur, à bientôt dans les pages du «Randonneur » peut-être. Nous quittons aussi la réserve forestière de Chambord pour paresser dans les vignes et les vins de Touraine ! Oui, oui, c'est bien « La Loire à Vélo » dont nous parlons !

Ce parcours est vraiment pour nous, il passe carrément dans le camping que j'avais repéré lors de ma préparation. Dès notre installation, mon lieutenant Louis annonce : « on s'est mis sur un périmètre de 14 m par 24 m, on a de la chance ». Il a raison, les parcelles sont adaptées, spéciales cyclo-campeurs, tables ombragées, point d'eau, verdure et baignade naturelle un peu plus loin...

Alors on reprend les vélos pour y aller. Superbe idée que cette technique et cet environnement pour une piscine pas comme les autres. C'est la deuxième en service en France, filtration par la végétation et les roches, chauffage photovoltaïque, décors naturels et beaucoup d'espace...

Superbe on a dit ! Détente assurée, mes trois cycles se régalent. Ce soir, pâtes à la bolognaise endiablée pour reprendre des forces... et puis on a envie d'en profiter encore. Alors, prome­nade à vélo au soleil couchant, seuls, dans la campagne aux odeurs de foin. Une belle nuit étoilée nous tend les bras, sûrement faite pour nous aussi.

Aujourd'hui, 44 kilomètres.

Vite! dans les tentes avant un tour à vélo.
Vite! dans les tentes avant un tour à vélo.
Vite! dans les tentes avant un tour à vélo.

Vite! dans les tentes avant un tour à vélo.

Au réveil, Clara nous confie : « L'autre nuit on ne pouvait pas s'endormir, on entendait les grenouilles. Cette nuit on entendait les ronflements des cyclo-campeurs, je préfère les grenouilles ! ».

Ce jour-là, nous allons traverser le vignoble puis retrouver les bords de Loire du côté de Blois sous un angle très carte postale. Il fait chaud, les pauses ombragées sont fréquentes mais sur les vélos il y a de l'air, alors, résultat, tout va bien.

Tous les cycles le savent, quand ça roule, ça roule ! Tiens, tiens, une petite baignade improvisée dans le Cosson, ça aussi c'était peut-être faisable pour faire boire les chevaux aux temps des rois. On s'aspergeait sûrement : et bien nous aussi ! Les poissons s'éparpillaient, les libellules se sauvaient : eh bien nous, c'est pareil !

Des vrais rois ! Les voyages sont d'éternels recommence­ments mais tous différents.

C'est en fin de journée que nous arrivons à Chaumont-sur-Loire. Camping très spacieux mais beaucoup de clients moustiques le soir ! Sophie, la maman de Louis et Sacha doit nous rejoindre au crépuscule pour rouler avec nous les jours suivants. Nous sommes impatients de son arrivée et notre comité d'accueil a tout prévu, même le dîner aux chandelles avec menu sportif : Omelette au lard et aux petits oignons rissolés. Au dessert fruité les moustiques sont couchés.

Bords de Loire et demeures princières.
Bords de Loire et demeures princières.
Bords de Loire et demeures princières.

Bords de Loire et demeures princières.

Au soir de l'étape, camping et le cuistot aux fourneaux !
Au soir de l'étape, camping et le cuistot aux fourneaux !

Au soir de l'étape, camping et le cuistot aux fourneaux !

L'escadron 2013.

C'est magnifique le matin, la proximité de la Loire nous apporte un peu de fraîcheur lors des préparatifs et des chargements : remorque, sacoches, porte-bagages, crème solaire, bouteilles d'eau. Nous commençons la journée vers le château de Chaumont-sur-Loire et ses voiliers amarrés au port fluvial. Notre petite colonne de caravaniers se met en place dès les premiers coups de pédales. Les garçons Louis et Sacha donnent des conseils de vieux routards à leur maman Sophie que j'aperçois écrasant les pédales dans mon rétroviseur. Au premier arrêt Sophie nous avoue sa difficulté à se mettre en train. C'est bizarre ! Petit contrôle général et stupéfaction, je découvre un patin de frein bien serré sur la roue avant de sa bicyclette. Grosse rigolade, ce n'est pas étonnant qu'elle admirait notre allure !

Maintenant ça va beaucoup mieux et nous avalons la première côte du parcours qui doit nous permettre de rejoindre la région du zoo de Beauval où nous allons passer la journée suivante avec le reste de la famille. Les enfants sont super motivés. Dans la côte j'ai entendu Sacha dire « Faut des mollets d'acier pour être des cyclo­-campeurs, nous, on en a ! »

Nous vivons ensemble des moments heureux en Touraine avec quelques belles forêts bienvenues, des vignes, et même un superbe château dans le village de Fougères-sur-Bièvre. Possible qu'au temps des rois on reposait les chevaux, alors, nous buvons frais nous aussi auprès de l'aubergiste des lieux.

Les petites routes sont quelquefois bordées de cerisiers qui nous attendent. On en salive encore ! En revanche, les fontaines ont disparu dans les villages. Je fais découvrir à ma troupe le bon vieux réflexe du cyclotouriste de base : Les points d'eau des cimetières... et ça marche, mais ça coupe un peu l'ambiance, le temps de remplir les bidons.

En fin de journée, c'est un vrai plaisir de se laisser descendre lentement à travers une grande forêt aux essences de pins pour arriver au camping à la ferme que j'avais prévu. Chez un vigneron en prime ! Installation à l'ombre, face aux vignes et à la vallée du Cher... On ne pouvait fêter des moments si chouettes qu'au vin local, bien frais, et à la dénomination tout à fait appropriée « Cuvée Coup de Cœur ». Jus de fruits pour les enfants, sinon je suis dégradé ! Sacha veut m'aider pour faire de la purée, Louis pour frire les saucisses, Clara pour les tomates et Sophie plane d'euphorie, c'est beau le cyclo-camping.

La nuit est douce... évidemment !

Camper près des vignes n'exclut pas de savoir ouvrir une bouteille de lait.
Camper près des vignes n'exclut pas de savoir ouvrir une bouteille de lait.

Camper près des vignes n'exclut pas de savoir ouvrir une bouteille de lait.

Toute la famille.

Au matin, la famille vient nous rejoindre pour notre journée ensemble au très beau Zoo de Beauval magnifié par ses ours pandas et son spectacle de rapaces impressionnants. Le soir je profite du retour de nos proches à la maison pour me faire déposer chez l'ami Jacques Primout qui avait gardé ma voiture à Beaugency. Quelle organisation ! Vient le dernier jour de notre expédition.

Le dernier jour

Comme cela passe vite ! Nous avons gardé avec nous la petite Lilas qui tient absolument à nous prouver qu'il faut compter sur elle désormais. Nous l'avions, depuis ses premiers tests cyclistes, gradée, à l'époque, deuxième classe. C'est important de prendre du galon dans notre armada. Dans la matinée, nous assistons au passage du Tour de France, la caravane publicitaire fait bien sûr l'amusement de tous et Sacha reçoit même un bidon au passage des coureurs ! Magique ! Un vrai cadeau de Noël. Et donc, l'après-midi, notre petit peloton à nous se met en place. Le soir, nous décidons à l'unanimité que Lilas devienne « première classe améliorée » !

Nous savourons les derniers kilomètres de cette glorieuse et royale expédition sur des petites routes tranquilles, les cœurs pleins de frissons, les têtes pleines d'images et les genoux un peu couronnés. Nous aurons sûrement envie de recommencer et pour tous ceux qui auront la patience de parcourir les mots de notre petite aventure nous vous distillons les parfums de nos plaisirs pédalants.

A bientôt, sur les routes !

Texte et photos : Denis CHAMPEAU

Juillet 2013

Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.
Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.
Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.
Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.
Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.

Faire des pauses et se désaltérer. Deux commandements du cyclo-campeur.

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